Ces nouvelles générations fonctionnant en mode projet n’ont ni les mêmes repères, ni les mêmes attentes dans le travail. Ils ne sont pas pour autant que des « problèmes » auxquels on adjoint régulièrement l’étiquette d’un taux de chômage hors norme à 25%. Ils symbolisent surtout l’espérance. Et leur audace créatrice met en exergue l’inadéquation totale entre leurs envies de réaliser et le fonctionnement de nos structures arrivées à bout de souffle. Alors, au-delà de la nécessaire flexibilité à cultiver sur le marché du travail, notre motivation N°1 à tous, devrait être de créer les bonnes conditions pour que nos jeunes puissent exprimer toute cette audace, pour que la créativité soit un réel atout dans notre économie, pour que l’esprit d’entreprendre et la constitution d’équipe-projets autour de leurs idées soient facilités.
Après les « 30 glorieuses, » après les « 30 piteuses », donnons-nous tous les moyens d’atteindre nos ambitions et de favoriser les « 30 audacieuses » ! Cette renaissance arrive par la jeune génération qui sera notre planche de salut. Nous avons l’obligation de les libérer de carcans administratifs pour les aider à s’accomplir professionnellement. Remplaçons les innombrables textes de loi qui s’imposent à tous par des lois cadres. Complétons au niveau local par des accords d’entreprises ou de branches, plus adaptés à la réalité de l’entreprise, dans le respect des travailleurs : ceci n’a jamais été incompatible ! Laissons une vraie place au « contrat » en entreprise et favorisons les cadres atypiques. Le dialogue social, doit être tout aussi présent dans les entreprises, mais les instances syndicales ne sont peut-être pas encore toutes mâtures pour développer d’autres modèles ou approches. Dans tous les cas, leurs modèles actuels ne séduisent absolument pas les jeunes.
Les nouveaux comportements collaboratifs, la digitalisation de l’économie ont largement changé la donne. Le législateur se retrouve aujourd’hui plus en situation de subir que de prévoir, de vouloir préserver quelques privilèges, car à chaque nouveau modèle d’entreprise -les derniers exemples d’Uber, AirBnB, Blablacar…le prouvent-, l’audace des jeunes entrepreneurs vient toujours contourner la réglementation trop étriquée et contraignante. Une plus grande liberté permettrait d’oxygéner plus encore les envies créatrices de nos nouveaux entrepreneurs et de les inciter à rester en France pour pouvoir se développer. La fuite de nos jeunes vers les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et d’autres contrées plus lointaines encore serait sans aucun doute moins forte, car la France reste un pays où l’on peut être fier de nos idées ! Offrons donc un terreau règlementaire plus fertile, pour que les idées de nos jeunes deviennent des réalités économiques et sociétales durables. Et quand le Président de la République annonce dans sa conférence de presse du 7 septembre : « Nous allons proposer un projet de loi qui permettra l’ouverture de négociations sur la réforme du code du travail », je ne peux qu’applaudir mais je reste un peu dubitatif sur la réactivité de tous dans cette logique de négociation… car il faut faire vite, très vite au regard de notre situation économique au cœur de l’Europe.
Par Samuel Tual
Président du groupe Actual / www.groupeactual.eu
Spécialisé dans la gestion de l’emploi et des compétences
Un entrepreneur humaniste et engagé / www.samuel-tual.fr
Livre, Le Travail pour tous, Editions Leduc.s, collection Alisio, mars 2015